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Date de publication :
INJA, 56 boulevard des Invalides
75007 PARIS
France
Les INSA sont des établissements publics français de recherche et d’enseignement supérieur ; ils sont implantés dans sept villes ou régions de France ainsi qu’à Fès au Maroc.
L’EPNAK est un établissement médico-social qui existe depuis 130 ans et dont la mission est d’accueillir des personnes handicapées, enfants comme adultes, afin de les accompagner dans leur insertion sociale et professionnelle ; 4 000 personnes y sont accueillies.
C’est le troisième hackathon dédié au handicap organisé par l’es INSA et l’EPNAK, nous ne pouvons que saluer cette initiative qui propose à des étudiants valides de mettre leurs connaissances à profit pour améliorer la vie des personnes handicapées.
Au cours du week-end des 14 et 15 mai, pendant 24 heures sans interruption, huit équipes de trois étudiants chacune devaient imaginer et proposer des outils pour faciliter la vie quotidienne des personnes handicapées, sur le thème « handicap : accessibilité via et au numérique ». Quatre équipes se sont consacrées au handicap visuel, les quatre autres à d’autres handicaps.
Des experts étaient présents pour répondre à leurs nombreuses questions sur le handicap (vie quotidienne, difficultés rencontrées, accessibilité numérique...). Des temps de pauses étaient bien sûr autorisés (promenades dans les cours et jardins de l'INJA, sport, collations / repas, musique, sommeil...), le tout dans la bonne humeur !
Le dimanche en début d’après-midi, après 24 heures de travail, des propositions de projets ont été retenues et récompensées par un jury avec remises de prix pour les équipes gagnantes :
Le premier prix a été attribué à l’équipe qui a imaginé l’application « Planning Assist », un outil sous forme de calendrier pour faciliter la vie quotidienne des personnes ayant des troubles cognitifs.
Le prix du « coup de cœur du jury » concernait le handicap visuel ; il a été attribué à l’équipe à l’origine du projet TIPS, un outil de lecture vocale destiné à rendre accessibles les fichiers PDF contenant des éléments graphiques (formules, graphiques, images…). Cette application est destinée en tout premier lieu aux élèves et étudiants déficients visuels qui doivent lire les supports de cours que leur donnent leurs professeurs, généralement sous forme de fichiers PDF (ce sont nos anciens cours polycopiés sur papier). Mais si l’application TIPS se développe, on pourrait imaginer qu’elle serve également à l’élaboration de livres adaptés.
On télécharge un fichier PDF dans l’application TIPS ; grâce à l’intelligence artificielle, l’application analyse le fichier, repère les différents chapitres et paragraphes, lit le texte, analyse et décrit les graphiques, lit les formules et les diapositives. Les diapositives complexes sont analysées : si une diapositive contient du texte à gauche, un graphique à droite et une formule sous le graphique par exemple, l’application lit d’abord le texte, décrit ensuite le graphique puis lit la formule.
L’INJA va mettre en rapport les juniors entreprises des INSA et des donateurs prêts à financer ce projet, espérons qu’il aura un avenir ! Et pourquoi pas compléter la lecture vocale de l’application TIPS par la possibilité d’une lecture en braille ?
Une autre application destinée aux déficients visuels m’a semblée très intéressante, bien qu’elle n’ait pas été primée. Il s’agit de permettre à un professeur de dessiner des courbes sur le smartphone ou la tablette d’un élève ou étudiant déficient visuel, sans qu’il y ait besoin de faire appel à un centre de transcription. Le professeur peut dessiner les courbes pendant un cours, ce qui permet à l’étudiant déficient visuel de suivre ce cours en même temps que les autres. Le principe en est le suivant : lorsqu’un professeur trace une courbe sur la tablette de l’étudiant déficient visuel, l’étudiant ne sent aucune vibration sur tout le tracé de la courbe mais il sent des vibrations dès que ses doigts se trouvent à l’extérieur de ce tracé. Il peut donc se rendre compte en temps réel de l’allure générale de cette courbe. Si le professeur trace plusieurs courbes, une noire et une bleue par exemple, l’étudiant peut sélectionner la courbe qu’il souhaite parcourir. On pourrait complexifier l’application pour permettre à l’étudiant d’identifier les points d’intersection des deux courbes. Une autre évolution consisterait à compléter les vibrations par des signaux sonores (plus on s’approche d’une courbe, plus le signal est aigu, plus on s’en éloigne, plus il est grave par exemple).
Espérons que l’équipe qui a développé cette application trouvera des financeurs afin que cette application soit réellement mise en œuvre. On peut raisonnablement imaginer que dans un avenir pas si lointain, un professeur pourra tracer une courbe en relief grâce à l’haptique directement sur la tablette ou le smartphone de son étudiant, ce qui lui permettra de la repérer très rapidement.
Bien sûr, ce n’est pas en 24 heures que l’on peut mener à bien des projets aussi ambitieux mais ce hackathon nous montre, une fois de plus, combien les nouvelles technologies offrent de chances prometteuses pour la vie quotidienne et professionnelle des déficients visuels. L’intelligence artificielle commence déjà à être intégrée dans nos logiciels lecteurs d’écrans pour nous fournir une description des images.
Formulons le vœu que d’autres hackathons dédiés au handicap suivront celui des 14 et 15 mai derniers.
Nous remercions l’équipe de l’INJA de nous avoir fourni ces renseignements.
Laurence de Roquefeuil